Début février 2016, le CJDES, a fêté ses trente ans d’existence !
Plus de 200 personnes ont répondu présents pour cette soirée qui combinait conférence, interactions numériques avec la salle, cocktail et concert festifs. Anne Pfersdorff, présidente du CJDES, a soufflé les bougies, aidée de ses prédécesseurs (Hugues Sibille, Jean-Louis Bancel, Frédéric Massot, Olivier Boned ou encore François Soulage, ancien secrétaire général), marquant symboliquement les 30 ans d’engagement de l’association en faveur du développement de l’ESS.
Autour du thème retenu, « Entre renouveau économique et nouvelles formes d’engagements citoyens, où va l’ESS ? », cinq personnalités se sont exprimées : Benoît Hamon, député des Yvelines, ancien ministre en charge de l’ESS ; Miguel Urban, eurodéputé, membre du collectif citoyen espagnol Podemos ; Luca Jahier, président du Groupe III du CESE européen ; Roger Belot, président d’ESS France et Benjamin Coriat, professeur d’économie, membre du collectif des Economistes atterré.
Pour le CJDES, l’événement a été l’occasion de s’interroger sur les réponses que pourrait ou que devrait apporter l’ESS face aux attentes des citoyens en France et en Europe. Malgré le peu d’intérêt pour l’ESS exprimé par la Commission européenne actuelle, Luca Jahier et Miguel Urban ont souligné la responsabilité qui incombait aux acteurs de l’ESS de s’engager et peser de tout leur poids sur la scène politique. A ce titre, l’expérience de Miguel Urban est inspirante. Il a commencé sa « carrière » dans une librairie coopérative de Madrid, s’est engagé dans le mouvement citoyen Podemos, et il est désormais député européen !
L’ESS française paraît souvent « poussiéreuse », trop « institutionnelle ». Elle est bousculée par des pratiques, plus ou moins « nouvelles », plus ou moins « solidaires »… Roger Belot a interpelé l’auditoire : Comment se renouveler ? Comment marquer sa différence vis-à-vis des pros du marketing de l’économie collaborative ? Comment expliquer au consommateur que les entreprises de l’économie sociale et solidaire sont des sociétés de personnes sans but lucratif, où le capital est détenu par leurs membres, et où les décisions sont prises de manière participative ? Les organisations de l’ESS doivent prendre le virage du numérique, profiter de l’envie des citoyens de démarches plus horizontales, et passer l’épreuve par la preuve… Depuis plus d’un siècle, associations, mutuelles, coopératives et fondations apportent en effet des réponses concrètes au désir d’une « économie plus juste ».
Face aux nouvelles pratiques, des théories économiques anciennes, telles que les « communs » ré-émergent. Benjamin Coriat milite pour faire (re)connaître la pertinence de ce modèle, issu des usages de droits « communaux » ancestraux (garantissant l’accès à l’eau, aux pâturages, aux moulins à grains pour les communautés villageoises…). Ce modèle est porteur d’un espoir fort de transformation sociale à partir d’institutions ou d’entreprises proposant des ressources en accès ouvert, dont Wikipedia est un bon exemple. Les « commoners » inventent des formes nouvelles de partage et de distribution des attributs de ce droit (sous la forme de droits d’accès, d’usage, de prélèvement …), à contre-courant de la tendance actuel de « privatiser » des biens « collectifs » tels que le vivant, les semences, les savoirs traditionnels…
Le CJDES, a proposé une soirée tournée vers l’avenir, militant pour une action forte de la part de l’ESS, jeune et moins jeune, pour apporter des réponses concrètes et visibles aux défis citoyens, économiques et sociétaux actuels.
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Flora Hermet