Après la 1ère édition des « matinales de l’engagement » organisé par UNEO et animé par Laure Delair, le CJDES vous invite à en consulter le compte – rendu.
Mot d’accueil du Président d’UNEO – Général de corps aérien – Jean François Furet-Coste.
« Le bénévolat est plus qu’une ressource, être bénévole c’est permettre à chacun d’être acteur de son propre engagement ». Les matinales de l’engagement ont pour objectif d’étudier les points relatifs aux ressorts du bénévolat, de répondre aux questions complexes que se posent les structures associatives telles que « comment donner envie aux jeunes de s’engager dans une association et d’œuvrer au profit du bien commun et d’une communauté ? ».
Les matinales de l’engagement ont donc pour objectif de rassembler, pour faire de ce temps un moment d’échange et de partage pour identifier les besoins des populations et y trouver ensemble des solutions. Faire ensemble, c’est le mot d’ordre de ces matinales. Pour appuyer l’idée de lien, le CJDES animera la matinée.
Introduction par la Présidente du CJDES – Laure Delair
Le CJDES [Centre des jeunes, dirigeants, et acteurs de l’économie sociale et solidaire] est une association de promotion de l’ESS. Elle est chargée de 3 missions principales :
- Organisation d’évènements qui permettent de mieux se connaître et développer son réseau, de manière conviviale.
- Créer le débat, pour continuer à progresser sur un certain nombre de thématique ESS et de mieux se comprendre.
- Promouvoir l’ESS auprès des jeunes.
L’ « engagement » est un terme polysémique. Il peut aussi bien décrire un engagement bénévole, un engagement associatif, un engagement dans la Défense, un engagement dans la sphère économique, .. Aujourd’hui, cet engagement évolue profondément, parce que la société évolue, les technologies ne sont pas les mêmes, les jeunes sont en quête de sens particulier. On retrouve des engagements particulièrement forts dans les modes de consommation, ou encore dans son entreprise et les valeurs qu’elle promeut.
La matinale sur « les dynamiques et mutations de l’engagement bénévole en France » a débuté par un quizz interactif avec les participants, grâce à l’outil Kahoot. Les questions ont permis de faire tomber les a priori de l’évolution de l’engagement bénévole.
L’objectif de la matinale est de traiter l’engagement associatif et bénévole, particulièrement des jeunes. Au programme :
- Panorama de l’engagement et du bénévolat en France
o Elisabeth Pascaud, ex-vice-présidente de France Bénévolat - Atelier participatif animé par le CJDES : Comment répondre à l’engagement des jeunes dans les associations ?
- Vers de nouvelles formes d’engagement : les outils clefs en main.
o Kawaa
o Diffuz
I. Panorama de l’engagement en France
« Dynamiques et mutations de l’engagement bénévole en France »
Elisabeth Pascaud, ex-vice-présidente de France Bénévolat est intervenue afin de dessiner le panorama de l’engagement bénévole en France.
France Bénévolat est une association créée il y a 30 ans, composée d’associations locales et de grandes associations nationales qui se sont regroupées pour promouvoir le bénévolat. Elle est chargée de 3 missions :
- Développer l’engagement bénévole associatif au service de l’intérêt général. Faciliter l’engagement ouvert à tous ; même les bénéficiaires des associations doivent pouvoir devenir bénévoles.
- Mettre en relation les personnes intéressées par le bénévolat et les associations.
- Accompagner les associations pour améliorer les pratiques du bénévolat.
Ainsi, la dynamique du bénévolat associatif se crée autour de la dynamique des associations. Le secteur associatif est très dynamique avec 1,5 millions d’associations « actives » (qui ont une activité régulière et composées de membres). Cependant, les chiffres restent approximatifs car si l’on peut comptabiliser les associations qui se créent en raison de leur déclaration en préfecture, lorsque les associations « meurent » ou sont mises en sommeil, il n’existe pas de déclaration officielle sur leur cessation d’activité. Néanmoins, les associations qui arrêtent leurs activités sont estimées à 36 400 chaque année tandis qu’on observe la création de 70 000 associations. Donc, le nombre d’associations en France est en hausse.
En France, on compte plus de 12 millions de bénévoles environ. Il n’existe pas de statut juridique du bénévole mais on peut le définir comme tel : « est bénévole toute personne qui s’engage librement pour mener une action en direction d’autrui, action non salariée, non soumise à l’obligation de la loi, en dehors de son temps professionnel et familial » (CESE, 1989).
2 concitoyens sur 5 se déclarent bénévoles. Le secteur bénévole a une dynamique. La plupart des non bénévoles déclarent pouvoir s’engager si on les y incitait. Sur les 20 000 000 de personnes qui déclarent donner du temps pour autrui, 13 millions le font dans le cadre associatif, 2 millions sont des bénévoles dans d’autres structures (paroisse, parti politique, syndicat, ..), 5 millions s’engagent ponctuellement (devoir des enfants de la voisine, aide humanitaire de manière informelle). Souvent les mouvements associatifs naissent de cadres informels avant de se constituer en association avec un cadre juridique. 40% des bénévoles ont un engagement pluriel, dans plusieurs structures.
Un bénévolat chez les plus jeunes. Contrairement aux préjugés, le bénévolat associatif est plus actif chez les « jeunes » (moins de 35 ans) que chez les « vieux » (plus de 50 ans). Chez les moins de 35 ans, la tendance est à la croissance. Chez les plus vieux, à partir de 50 ans, elle est à la décroissance (de 26% en 2010 à 20% en 2019). Chez les jeunes, on peut se dire que les dispositifs universitaires peuvent jouer (Unités d’Enseignement supplémentaires, ressources d’accès aux associations, ..). Donc, contrairement à ce qu’on peut croire, les jeunes ne sont pas aussi individualistes que ce qu’on entend.
Pour la baisse d’engagement bénévole chez les personnes de plus de 50 ans, on peut identifier plusieurs raisons. Ainsi, les fin de carrières plus difficiles, l’augmentation de l’espérance de vie avec souvent des parents plus âgés dont il faut s’occuper, le cumul d’emploi avec la retraite et les ressources financières insuffisantes, ou encore le recul de l’âge à la retraite sont autant de raisons qui peuvent jouer sur l’engagement bénévole en France. N’y aurait-il pas aussi une ouverture des associations qui ne se sont pas assez faites sur les envies et les besoins des populations ? Il est nécessaire pour les associations de trouver d’autres formes d’organisation et d’élaborer d’autres parcours bénévoles que des « engagements sacrificiels ».
Dynamique, oui.. mais. On compte 13 millions de personnes engagées, c’est un chiffre qui se maintient depuis les années 1970. Mais compte tenu de l’évolution démographique, on observe en proportion de la population un petit fléchissement de l’engagement. On peut formuler des inquiétudes particulières sur le bénévolat des plus âgés.
Une évolution des formes d’engagement. L’engagement bénévole s’est transformé pour se retrouver dans des formes plus ponctuelles. L’engagement ponctuel évolue de 20 à 29% sur les 3 dernières décennies. Cela se ressent beaucoup dans le fonctionnement des associations avec un fléchissement de 19% à 17% de ceux qui sont présents un jour ou plus par semaine tout au long de l’année au sein d’une structure. Les associations doivent apprendre à donner envie aux bénévoles de s’accrocher à un projet associatif ; d’où le succès des associations caritatives mais qui doivent apprendre à transformer le bénévole ponctuel en un bénévole qui s’impliquera davantage sur la durée. Enfin, les associations qui ne comprennent, ou n’arrivent pas, à créer des parcours plus ponctuels se privent d’un vivier de bénévoles.
Pourquoi s’engager ? Baromètre de France Bénévolat interrogeant les bénévoles sur leurs motivations.
- Plus de 80% de personnes en 2018 font du bénévolat pour être utile. Les associations font des choses utiles mais parfois les bénévoles ne s’en aperçoivent pas faute d’un message et d’un objet social clair. Il est alors essentiel de montrer l’utilité de l’association et le parcours des personnes bénéficiaire, d’expliquer la démarche de l’association et le projet social qu’elle porte.
- Beaucoup de bénévoles recherchent un épanouissement personnel. Cette recherche d’un épanouissement personnel a toujours été présente, et ne signifie pas une société plus individualiste ; on peut considérer que le tabou sur la recherche d’un « profit » personnel a été levé par rapport aux années 1970 où la charité prévalait comme raison d’engagement.
- Volonté d’appartenir à une équipe (visible chez les chômeurs, les très jeunes et les retraités).
- Recherche de l’acquisition de compétences, notamment chez les jeunes.
Autrefois, le bénévolat était quelque chose qui se faisait avec des raisons idéologiques (appartenance à une paroisse, à un milieu spécifique, à un parti, ..). Tandis que maintenant, les bénévoles sont plus nombreux mais plus diversifiés car leur engagement est issu d’une démarche personnelle. Le bénévolat change beaucoup de forme et interpelle les associations qui ont du mal à saisir les évolutions des formes d’engagement. Or, il y a un enjeu idéologique et organisationnel (pérennisation de l’association) à ce que les structures captent l’engagement des plus jeunes et diversifient leurs parcours d’engagement.
Questions et interventions de la salle :
- Génération de « zapping ». Aptitude à mettre ensemble des gens qui ont des compétences différentes et à les faire travailler ensemble, c’est une aptitude indispensable de créer une cohésion et de constituer l’intégration à un groupe.
- Engagement multiple. Si l’association est multiple et que les bénévoles ressentent une envie de diversifier leur engagement, les associations peuvent développer un partage de bénévoles entre elles. Le multi-engagement pourrait devenir un moteur et un enrichissement des structures. Les associations essaient de travailler ensemble davantage.
- L’engagement suppose une cause, un problème à résoudre. L’augmentation du bénévolat est-il un signe de disfonctionnement de l’Etat ? Le développement massif du bénévolat est à considérer comme étant une bonne chose, avec la notion de liberté et de gratuité d’un engagement. L’idée selon laquelle les associations pallient aux défauts du service public est légitime, les associations sont depuis longtemps une forme de complémentarité aux services publics. Elles doivent bien évidemment ne pas devenir des « sous-traitant » des services publics car la notion d’engagement « libre et gratuit » pour les bénévoles se perdraient. Mais leur forme et leur structuration permettent de donner le pouvoir d’agir aux personnes directement via leur gouvernance spécifique.
II. Atelier participatif
Afin de parvenir à recruter des jeunes bénévoles et à leur faire prendre des responsabilités au sein d’une association, il est nécessaire d’entamer une évolution des cadres d’engagements et des structures associatives d’accueil. Les ateliers ont tourné leur réflexion autour des freins qui empêchent les jeunes d’accéder à un engager bénévole pour en identifier des solutions et partager les bonnes pratiques dans les associations sur l’accueil de bénévoles jeunes. Enfin, les participants ont pu échanger sur les avantages d’avoir des jeunes dans leur gouvernance, et de trouver des solutions pour favoriser la prise de responsabilité dans leur structure.
Axe 1 : l’accueil des bénévoles.
Il est nécessaire pour les associations de retravailler l’accueil des bénévoles, d’organiser de vrais temps d’échanges entre pairs. L’accueil peut être organisé avec l’attribution de parrains/tuteurs. Cette méthode permet de mettre en lien des personnes plus anciennes dans l’association et de créer un lien intergénérationnel et de répondre au « choc générationnel » et d’apprendre des échanges entre générations. L’attribution de parrains permet également de favoriser l’accompagnement des nouveaux bénévoles et l’apprentissage de nouvelles compétences. Une meilleure intégration favorise la confiance entre les membres et l’esprit d’équipe.
Axe 2 : l’attractivité de l’association
Le recrutement de bénévoles jeunes passe par le parcours de bénévoles qui leur est proposé et par la représentation externe que renvoie l’association. Un jeune ayant par ailleurs beaucoup d’obligations (études, travail, famille), il doit ressentir une liberté dans son engagement, et une utilité qui le fera revenir et rendra son engagement davantage pérennes. Afin de recruter des jeunes, un échange de bénévoles peut être organisé entre les associations étudiantes et celles en dehors de l’espace universitaire.
Axe 3 : évolution de la gouvernance
Pour permettre un meilleur accès des jeunes aux responsabilités, qui est un enjeu à la fois idéologiques (chacun a sa place dans l’association) et organisationnel (impératif de pérennisation), il est indispensable de faire évoluer les modes de gouvernances.
De nouveaux modes de gouvernance doivent être envisagés, avec des mandats plus cours de dirigeants et non renouvelables afin de permettre un meilleur turn-over. Par ailleurs, des instances collégiales peuvent être mises en place, pour laisser la place aux jeunes et à leurs problématiques.
III. Présentation de nouveaux outils
- Présentation Kawaa – entreprise d’utilité sociale et solidaire, reconnue d’utilité publique. Kawaa est une plateforme numérique qui permet à toutes personnes de créer un événement et à toutes autres personnes de participer à un événement. Cet outil numérique permet d’animer des communautés entre événement, projets et engagement commun. Elle organise la digitalisation des inscriptions à l’événement et fonctionne autour du collaboratif.
- Présentation de Diffuz – Plateforme d’engagement citoyen solidaire. Diffuz est une plateforme web facilitant la rencontre entre les citoyens et les associations en proposant une offre de micro-engagement autour de grandes causes solidaires. Elle permet de donner le pouvoir aux sociétaires pour une société plus solidaire.